SOUVENIR DE L’ABER WRAC’H

15 août 1907 à l’Aber Wrac’h : une grande fête ! À la cale, l’enthousiasme est à son comble pour l’arrivée des plus de 9,50 m, ceux de la grande série… À bord du Reder Mor, il n’y a plus un espar de libre : tout ce qui se tangonne est depuis longtemps tendu par une brise fraîchissante propre à contenter les plus acharnés parmi nos régatiers.
Si pourtant ça devait durer encore, il pourrait bien y avoir de la casse ! Mais ça ne fait pas peur au patron Louis Guyader, ni à Hyacinthe Roignant ni à Joseph Masson. Tout dessus et bien plus, c’est ainsi qu’ils entendent couper la ligne d’arrivée.
Alors bien sûr les pilotes de l’Aber sont furieux, mais peut-on lutter contre un mythe ? Célèbre de Brest à Granville, ce Reder Mor, cordier de Roscoff aux qualités exceptionnelles, remportera même la seconde place au Havre en 1913, devant les fameuses hirondelles de la Manche.
Comprenez toutefois les pilotes : songez au temps passé, une fois les bateaux mis au plain. Il a fallu les gratter, les espalmer, suiffer la coque même. Sans parler des voiles, retaillées pour l’occasion. Et tout cela pour se faire moucher dans ses eaux par un roscovite ???
Ne soyez tout de même pas trop inquiets de la mauvaise humeur peinte sur les visages des équipages malchanceux. Déjà on pense à des améliorations « C’est notre flèche qui ne porte pas, il faudrait des voiles plus légères, de la soie, oui de la soie ! »
Tournez à présent vos regards vers le quai. Les réjouissances continuent, on s’affaire au départ de la course à la godille. Après celle des femmes, celle des hommes ! Pour les encourager, toute l’escadre des bagou du, les caseyeurs et goémoniers de 5 à 6m50 dont l’épreuve a été disputée ce matin.
Enfin, ce sera le bal, on dansera longtemps !
Doucement la nuit tombe, le phare de l’île vient de s’allumer. On dit que les Termaji sont à Pors Cava. Ils ont dressé leur tente sur la grève, ils y montrent les images du destin. Ces gens ont parcouru le monde, percé les mystères des marins des sept mers. Ecoutez leur étrange refrain :
« Nul ne devient marin qui n’est assez malin pour s’emprisonner soi-même, car embarquer sur un navire c’est aller en prison, avec une chance de s’y noyer. Ohé Ohé Ohé Ohé. »

Note : Le petit chapiteau s’éclaire au moyen d’une minuscule ampoule, et en actionnant une manette dissimulée derrière le cadre de la boîte, on peut faire défiler à l’intérieur un petit film en noir et blanc. On retrouve cette attraction, la lanterne magique, dans plusieurs autres boîtes : Royal Tar, Cap Horn, Les Régates de Conleau, ou encore La Fête régionale du sauvetage.